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Sébastien Demare

Livia Fraval


Mathieu Trehin
Qui est Bruno Latour ?
L’INACTION GLOBAL

Bruno Latour dénonce le déni de la société face à la crise écologique. D’ailleurs pour lui, il ne s’agit pas d’une crise écologique mais bien d’une mutation puisqu’en effet une crise
est dans sa définition temporaire. Or le réchauffement climatique n’est pas une crise, il ne sera pas «bientôt derrière nous”. Comme dirait Pablo Servigne, il faut se préparer à la catastrophe et non espérer trouver des solutions pour y échapper puisque c’est inévitable. Les solutions sont faites pour répondre à un problème or comme l’explique très bien Bruno Latour la mutation écologique
est certaine et il est impossible de la contourner. Bruno Latour
est étonné par la façon dont nous réagissons, nous humains,
face aux catastrophes naturelles tel que l’extinction de certaines espèces, la hausse du niveau de la mer, les incendies ou encore
les éruptions de volcans qui se font tous de plus en plus nombreux et de plus en plus inquiétant pour le futur. Il qualifie les hommes de somnambules face à l’alerte. “Il y a bien des façons de savoir
et d’ignorer en même temps” dit-il page 18. Les humains ne sont pas bête à proprement parlé On pourrait même dire que Bruno Latour est surpris par cette non réaction du peuple, puisque selon lui on aurait tendance à suivre le principe de précaution qui consiste à protéger ses entours et ses biens même si l’on est pas trop sur du diagnostique. Or dans ce cas là il ne s’applique pas,
ce qui est plutôt contradictoire. Mais pourquoi ? Ce n’est pas comme si les alertes avaient manqué. Nous aurions pu agir
il y a 30 ou 40 ans déjà et cette crise nous serait passée au-dessus de la tête. Mais non, nous avons préféré être une vieille humanité précautionneuse et tatillonne qui s’est rétractée à la moindre résistance, au moindre petit obstacle. Nous avons avancé les yeux fermés jusqu’à aujourd’hui où nous avons ouvert les yeux
en espérant que tout cela n’est qu’un cauchemar. Mais la guerre aurait-elle eu lieu sans même que nous ayons fait acte de présence ? Il est possible que oui, et que par conséquent nous ayons déjà perdu.

SOMMES-NOUS DEVENUS FOUS ?

“Une altération du rapport au monde”, c’est comme cela que Bruno Latour définit la folie. Et l’incompréhension de cette mutation écologique nous a tous fait tomber dedans, mais de différentes manières, certains sont dans le déni le plus profond, d’autre emporté par l’hubris, la dépression, l’espoir d’un avenir meilleur
ou encore par ce qu’il appelle la fuite au désert. La première catégorie regroupe des intellectuels, journalistes, scientifiques,
ils appartiennent à un monde parallèle où la crise climatique n’existerait pas. Aussi appelé les «climato-sceptiques» ou qualifiés de complotistes, ils sont dans un déni total, “c’est la folie
de la dénégation” dit Bruno Latour. Très répandu aux États-Unis, ces humains là s’en remettent à leur croyances, pensant que Dieu ne leur referait jamais cela (en référence à la promesse
de Genèse). Le terme « hubris » nous sert à désigner la démesure de l’homme en politique ou en matière d’environnement.
(Le Monde) En effet, certains pensent que nous n’avons pas assez contrôler la planète. Ils ne sont donc pas dans le déni de cette mutation mais croient que le seul moyen d’y remédier est
de continuer à dominer la terre, si ce n’est encore plus qu’aujourd’hui, C’est ce qu’ils appellent géo-ingénierie. Le terme «géo-ingénierie» est utilisé pour désigner des projets scientifiques visant à modifier le climat et l’équilibre énergétique terrestre pour lutter contre le réchauffement climatique. (Géo) La dépression comprend ceux qui se rendent compte de cette situation gravissime, mais qui savent qu’il n’y a plus grand chose à faire. Soignés aux antidépresseurs, ils se morfondent sur leur sort,
se rassurent sûrement en se disant que ce ne sont pas les plus fous. Pour Bruno Latour, les plus fous sont ceux qui ont encore
de l’espoir, et qu’il n’est pas trop tard. Que, comme dans le livre
de Pierre Kropotkine, L’entraide, un facteur d’évolution, l’action collective pourra changer quelque chose. Penser que l’on peut agir rationnellement dans cette période de “crise” est de la pure folie. La dernière catégorie de Bruno Latour comprend les artistes, jardiniers, explorateurs, activistes qu’il qualifie comme des «esperados’’, expression empruntée à Romain Gary. En effet, Gary a commencé à forger son œuvre dans les heures les plus sombres de la guerre. Il définit un de ses héros comme un «esperado», quelqu’un qui ne peut pas parvenir à désespérer. Et cherche dans un isolement le plus total, un autre moyen de résister à la folie.
Le film Don’t Look Up produit par Netflix illustre bien cette folie générale, on y retrouve d’ailleurs tous les profils de personnages présentés par Bruno Latour. C’est comme si personne ne voulait réellement se rendre compte de la gravité des événements
et se rassure en se disant que de toute façon ce n’est pas
la réalité. La folie est-elle donc l’unique solution pour survivre
à cette situation ?

L’HUMAIN, UN ÊTRE NATUREL

Bruno Latour évoque dans sa conférence l’instabilité du rapport nature/culture. On a coutume de penser que l’humain est un être culturel, c’est ce qui nous différencie des animaux, nous sommes “supérieur” par notre culture. Que sans notre culture nous
ne sommes que de simples animaux, et qu’il est important pour nous de se distinguer, notamment en employant les notions de “société” et de “civilisation» Or Bruno Latour définit l’humain comme un être naturel avant tout mais nous explique surtout que ces deux notions sont indissociables l’une de l’autre. Qu’il est impossible définir la culture sans définir la nature et inversement. Pour Bruno Latour c’est en effet la séparation des termes nature/culture qui explique le déni sociétal face à la situation écologique. Par exemple, aujourd’hui lorsque quelqu’un nous dit qu’il faudrait penser à “un retour à la nature», on pense directement à l’âge de pierre et aux hommes des cavernes.
Cette phrase fait peur et fait paniquer, puisqu’elle est perçue comme un abandon de notre civilisation moderne. Bruno Latour pense que “la difficulté réside dans l’expression même de “rapport au monde”. Dès los, la nature et culture ne sont plus deux domaines distincts mais un seul et même concept. Il fait alors
une comparaison avec les terme hommes et femme. L’homme est une catégorie non codé puisqu’elle est à la fois “tout le monde”
et les personnes de sexe masculins. En revanche femme signifie uniquement et directement que la personne a un sexe féminin. Aujourd’hui on commence à employer “humains” pour tous en non plus “hommes”. Bruno Latour soutient que si l’on arrivait à faire
la même chose pour la nature/culture, cela changerait beaucoup de chose. En effet, le choix des mots à une grande importance pour faire passer une idée, sans qu’elle soit perçue différemment. Bruno Latour fait entrer un troisième terme dans l’équation : celui qui distribue les rôle et qui permet de distribuer les différences
des deux parties, un moyen en somme, qui serait représenté par l’architecte dans la comparaison de ce concept avec celui
de la prise de vue avec l’objet et le sujet. L’écologie rend fou
en effet puisqu’elle bouscule nos acquis et l’instabilité d’un concept sur lequel nous nous sommes construits depuis toujours.

L'ÊTRE HUMAIN EST-IL NATUREL?

Dans sa conférence Bruno Latour est interpellé par l’instabilité entre la nature et la culture. Les besoins de l’homme et des animaux sont identiques notamment par la protection, la reproduction et l’alimentation, ce sont des besoins vitaux qui constituent la survie de l’espèce. De plus, les hommes sont des êtres primitifs qui possèdent les mêmes désirs naturels, seulement leur caractéristiques physiques les différencient car ils sont faibles, ils n’ont rien pour assurer leur survie comme nous montre l’histoire : les groupes qui vivaient en harmonie totale avec la nature et se nourrissaient grâce à la cueillette n’ont pas survécu.

Pour Bruno Latour il est impossible définir la culture sans définir la nature et inversement car la séparation des termes nature/culture explique le déni sociétal face à la situation écologique. Bruno Latour définit l’humain comme un être naturel avant tout mais nous explique surtout que ces deux notions sont indissociables l’une de l’autre. Sans notre culture nous ne sommes que de simples animaux, et qu’il est important pour nous de se distinguer, notamment en employant les notions de “société” et de “civilisation».

Bruno Latour fait introduit un troisième terme dans l’équation qui est celui qui distribue les rôle et qui permet de distribuer les caractéristiques des deux parties, qui serait représenté par l’architecte dans la comparaison de ce concept avec celui de la prise de vu avec l’objet et le sujet.

L’écologie rentre en conflit avec nos acquis et nos principes d’évolution instable sur leque nous nous sommes construits depuis toujours.


1 - La science face aux citoyens LA SCIENCE FACE AUX CITOYENS

La science impacte les citoyens. En effet, « L’écologie rend fou » : d’après ces mots de Bruno Latour on observe que l’écologie est une préoccupation omniprésente qui se traduit par un impact moral sur chaque citoyen. L’écologie est la science ayant pour objet les relations des êtres vivants avec leurs environnements ou entre eux-mêmes. Notre monde est frappé par une crise écologique mondiale, déclarée suite à de nombreuses alertes.

Ce problème est renforcé du fait que l’écologie, la science qui fait le diagnostic de la crise de la biodiversité, qui en analyse les mécanismes, qui peut suggérer des solutions, reste méconnue. Cette crise questionne nos actions, notre rapport au monde, nos devoirs et tout cela se traduit par un impact moral.
D’une part, il s’agit d’une science assez jeune, qui s’est développée sous sa forme actuelle depuis la seconde guerre mondiale, et depuis les années 1970 en France.

D’autre part, le mot « écologie » est plus facilement associé à des mouvements politiques qu’à une science. Cela discrédite la ­parole des chercheurs en écologie dont le discours paraît idéologique, alors même qu’ils ne font qu’exposer leurs résultats, avec la même objectivité qu’un chimiste ou un physicien. En outre, les approches de science citoyenne sont principalement documentées pour les projets de sciences naturelles. Mais comme Communauté de l’innovation sociale soutiennent, la science citoyenne va bien au-delà de ces domaines, et certains de ses résultats doivent encore être découverts. Emprunter leurs mots, la mesure dans laquelle la science citoyenne développe simultanément la «culture scientifique» des citoyens et la «culture sociale» des scientifiques, est le principal enjeu de la recherche future sur les résultats de la science citoyenne.
DÉNI DE LA CRISE ÉCOLOGIQUE

Dans cette première partie sur l’instabilité de la (notion de) nature, Bruno Latour (sociologue, anthropologue, philosophe des sciences français) commence par nous citer des exemples actuels concernant la crise écologique nous montrant qu’elle ne fait que croître depuis plusieurs années. Cette “crise écologique” comme l’appellent les journaux est pour lui une façon rassurante pour parler de la situation environnementale, comme si elle allait passer et qu’elle serait derrière nous. Un terme plus approprié pour
les spécialistes et lui-même serait de parler de “mutation”, il y a eu un réel changement du rapport au monde, ça a déjà été fait
et c’est définitif. Un phénomène général s’est développé dès
le début de la révélation sur le changement climatique est le déni,
en mettant cela en dehors de notre regard comme si cela ne nous concernait pas et ne nous touchait pas. Désormais cette profonde inaction face aux sonnettes d’alarmes qui ont été tirées
se répercute sur nous en nous touchant directement. Il dénonce cette attitude stoïque que l’on a pu avoir contrairement à d’autres situations, dans l’histoire, où l’on a été tellement plus efficace pour y faire face comme au temps des guerres où l’on a su réagir directement. Si on avait su faire preuve de la même efficacité/précaution qui nous ai propre il y a une trentaine d’années sur ce sujet en changeant notre mode de production (nourriture, habitat, moyen de transport...), cette crise aurait été déjà passée et on aurait pu en parler comme une “crise écologique” mais cela n’est pas arrivé, au contraire cette crise s’est transformé en mutation.

Pour revenir à ce “déni”, Bruno Latour en parle comme un monde parallèle forgé par les citoyens lambdas comme des experts
et journalistes ce qui à provoqué des fractures dans la vérité
et l’urgence climatique. Il nous parle alors de plusieurs comportement qu’a eu l’Humain concernant cette mutation,
il y a tout d’abord les “climato-sceptiques” qui entendent mais
n’y crois pas, les «climato-négationnistes» adeptes de complots
et les “climato-quiétistes” qui vivent dans un monde parallèle aussi mais en ignorant les alarmes. D’un autre côté on retrouve ceux qui ont entendu et compris les sirènes d’alarmes mais qui paniquent au point de vouloir que tout explose avec les «géo-ingénierie», accompagné plus modestement des «défaitistes» moins radicaux ainsi que des «isolés» qui décident de vivre en ermite tout
en sachant. Pour lui les plus fous sont tout de même ceux qui croient encore pouvoir faire quelque chose et qu’il est encore temps pour agir.



L’HUMAIN EN RELATION AVEC LA NATURE/CULTURE

L’humain pour Bruno Latour est un être se définissant
par sa nature et sa culture dans un monde naturel. Ces deux notions, à première vue opposées car l’homme essaye
de se distinguer de la nature par la culture, sont intimement liées. En effet la culture ne peut exister sans la nature et vis versa car
si l’homme n’est que culture il ne vit pas, s’il n’est que
naturel ce ne serait qu’un simple objet ou “un pur animal”. Lors
de la crise écologique, la phrase “retour de l’humain à la nature” effraie car les gens se disent culturels plutôt que naturels renvoyant à l’animal ou l’homme des caverne mais c’est par cela qu’il instaure le fait qu’on ne peut oublier qu’on est tout d’abord
un être naturel car on appartient à la nature. C’est pour cela que pour lui elles sont donc indissociables et qu’il faudrait les associer car il ne font qu’un “elles sont nées ensemble”, ce concept serait
la “Nature/Culture”. Bruno Latour aborde ce concept avec l’exemple de l’art occidental et de son rapport à notre perception de la nature, où le peintre organise le regard du spectateur dans
sa peinture à une certaine distance du tableau montrant que
la perception peut être contrôlée. Avec de l’autre côté le spectateur qui regarde sans agir, avec notamment les sujets peints à cette époque avec beaucoup d’éléments naturels comme les natures
mortes et un attrait pour les paysages. Il y a donc
un manipulateur/ opérateur, le peintre et une opération qui répartit objet et sujet, ce qu’il compare avec le concept des rôles
respectifs de Nature/Culture. Par cela il démontre que la nature n’existe pas en tant que domaine car il n’est qu’un élément,
“il y a celui qui fait pendant, la culture et celui qui répartit les traits entre les deux”. Il y a donc une opposition constante entre ces deux notions et on ne peut aller au-delà, ainsi que ni d’un côté
ou de l’autre.

Il aborde ensuite ce concept à la vie citoyenne, où l’expression “agir conformément à sa nature ou encore «vivre selon sa vrai nature” n’est en réalité qu’une dimension normative exigeant
à l’homme de se comporter d’une façon. C’est pour cela que dès qu’une autorité va empêcher un acte qu’il dit “contre-nature”,
il y aura des protestations car comment définir si quelque chose est contre nature ? Personne ne le peut. Le monde naturel ne peut dicter les humains, c’est justement le concept de Nature/Culture qui le fait, la nature donne “l’être” et la culture donne le “devoir être”, la nature ne peut donc pas définir ce qui est juste, seulement ce qui est présent donnant simplement l’objectivité.



L’OPPOSITION CONTRE LA VÉRITÉ SCIENTIFIQUE

Bruno Latour nous montre que sans l’opposition,
il n’y a pas de mise en lumière, avec comme exemple que ce sont les climato-sceptiques avant même les écologistes qui se sont rendus compte les premiers des propos sur le réchauffement climatique en faisant un grand mouvement de vague contre
la vérité scientifique objective. Ce qui a ensuite permis de rendre compte une problématique connue d’une poignée d’historiens
des sciences au plus grand nombre. Malgré l’éthique des faits neutres et objectifs scientifiques, on peut y ajouter une valeur politique. L’opposition est créée par la politique et les valeurs morales, si ces faits scientifiques avaient été simplement admis
par le plus grand nombre que le CO2 était bel est bien la cause principal du réchauffement climatique sans politique, les choses auraient surement changer directement par la pression médiatique et la population sur les grandes entreprises afin de changer leur mode de vie industriel, car cela présentait un danger pour l’environnement. Mais c’était sans compter sur les lobbies qui
par la communication des faits scientifiques ont pu les altérer
et faire changer la perception de la population face à l’urgence climatique. Bruno Latour pour expliquer son propos, nous parle
de Franz Luntz, psychologue et rhétoricien stratège du parti Républicain qui a changé l’expression “réchauffement climatique” pour “changement climatique” avec comme stratégie d’amener l’incertitude scientifique comme argument central ce qui a permis à toute une partie du public d’être convaincue que les sciences autour du climat étaient incertaines.

Cette situation a donc été profitable pour les entreprises qui ont pu continuer leurs activités sans être pleinement accusées ni avoir été contraintes de changer leur mode de vie industrielle. La voix des climatologues ne pouvant user de la charge morale et politique
ne faisait pas le poids avec “des vérités qui dérangent”. Il y a donc
eu pendant une vingtaine d’années une bataille entre ceux qui ont compris le monde naturel et en joue pour le nier, et ceux qui n’osent pas montrer les faits découverts en ayant les mains liées. “Ce sont donc les spécialistes des sciences de la terre qui sont apparues comme des excités, des militants d’une cause, des illuminés, des catastrophistes, et ce sont les climato-sceptiques
qui prennent le rôle des savants rassis qui eux, du moins,
ne confondent pas comment le monde va et comment
il doit aller !”
Bruno Latour est un sociologue, anthropologue et philosophe des sciences français né le 22 juin 1947
à Beaune. Connu pour ses travaux en sociologie des sciences, il a mené des enquêtes de terrain
où il observe des scientifiques au travail et décrit le processus de recherche scientifique d'abord comme
une construction sociale. Bruno Latour s’est aussi penché sur des problématiques écologiques, comme
on a pu l'analyser dans l’instabilitée de la (notion de) nature.
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